Rendez vos graphiques lisibles par plus de personnes : reconsidérez vos choix de couleurs

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choix de couleurs

Vous avez analysé vos données, vous avez fait des graphiques élégants, vous êtes prêt·e à présenter vos résultats et vos conclusions 👌
Avez-vous pensé à vérifier si vos visuels sont adaptés aux daltoniens ?

De manière globale, de mauvais choix de couleurs altèrent l’efficacité de votre message, et c’est encore plus vrai si votre public est une personne daltonienne.

Le daltonisme n’est pas rare puisqu’il touche environ 5 % des humains. Cela représente des millions de personnes. Si vous ne prêtez pas attention à vos choix de couleurs, vous risquez d’empêcher une bonne partie de votre audience d’accéder à votre travail et de comprendre des points clés que vous essayez de transmettre.

En savoir plus sur la biologie de la vision des couleurs

Puisque de nombreuses personnes ne perçoivent pas les couleurs comme vous, vous risquez de rendre la lecture de vos diagrammes difficile pour elles si les couleurs que vous avez choisies pour représenter vos données ne sont pas suffisamment distinctes. Au mieux, les daltoniens devront passer plus de temps à lire vos graphiques pour s’assurer qu’ils ne les interprètent pas de manière erronée; au pire, ils les ignoreront et passeront rapidement à autre chose puisqu’ils ne peuvent pas les déchiffrer. Frustant pour eux comme pour vous !

Heureusement, il existe des moyens de s’assurer que les daltoniens pourront voir les informations que vous partagez de manière exhaustive, afin qu’ils puissent apprécier votre travail comme il se doit.

Accédez directement à la présentation des outils :
Testez n’importe quelle couleur et créez des palettes personnalisées avec Coloring for Colorblindness
Les choix de couleurs pour les cartes avec ColorBrewer
ColorBrewer et Viridis sur R
Coblis, pour vérifier des images
Les outils intégrés aux logiciels
L’expérience « plein écran »

Tout d’abord, le contraste est important : augmenter la différence de luminosité entre deux couleurs peut permettre de mieux les distinguer. Lorsque vous utilisez des couleurs avec un niveau de luminosité similaire, vous augmentez le risque qu’elles soient indiscernables. Au contraire, utilisez différents niveaux de luminosité : des couleurs pâles, des couleurs foncées et des niveaux de luminosité intermédiaires, selon les besoins.

Une modification modérée de la teinte des couleurs peut également faire la différence : vous pouvez obtenir une couleur que vous nommeriez pareil, mais le changement peut être suffisant pour que d’autres la distinguent d’une autre couleur.

Pendant un certain temps, ma façon de tester la lisibilité de mes figures pour les daltoniens consistait à convertir les images en niveaux de gris. Cela me permettait de savoir si les couleurs que je choisissais pour mes graphiques étaient suffisamment contrastées pour être distinguées par les daltoniens. Cette méthode est la meilleure façon de prendre en compte tous les types de déficiences visuelles dans vos choix de couleurs, y compris la vision monochromatique. Elle est également utile pour évaluer si votre travail restera lisible s’il est imprimé en niveaux de gris.

Que ce soit pour des graphiques, des cartes ou de tout autre conception visuelle, il existe de nombreuses ressources pour guider les personnes dont la vision des couleurs est normale dans leurs choix de couleurs. Certaines palettes de couleurs ont été conçues pour être adaptées aux déficiences de la vision des couleurs, et divers filtres ou simulateurs calculent le rendu des couleurs tel qu’il est perçu avec une vision des couleurs altérée, afin que les personnes ayant une vision des couleurs normale puissent se rendre compte de comment leurs créations peuvent être vues.

Je vous présente ci-dessous quelques-unes de ces ressources utiles qui peuvent vous aider à rendre vos projets plus accessibles et plus inclusifs. La plupart des outils mis en avant sont en anglais, cependant leur utilisation intuitive permet de les tester sans avoir besoin de maîtriser cette langue.

► Testez n’importe quelle couleur et créez des palettes personnalisées avec Coloring for Colorblindness

Cet outil de sélection de couleurs conçu par David Nichols est l’un de mes préférés. Vous pouvez entrer le code (HEX, RGB ou HSL) de n’importe quelle couleur de votre choix et voir la couleur simulée perçue par une personne atteinte de protanopie, deutéranopie ou tritanopie.

Vous pouvez ajouter et comparer autant de couleurs que vous le souhaitez, afin de créer des palettes accessibles personnalisées qui traduisent les différences et les contrastes de couleurs que vous recherchez. La palette de couleurs que vous créez est encodée dans l’URL de la page : vous pouvez facilement sauvegarder ou partager vos palettes de couleurs en copiant l’URL.

Davidmathlogic 1 cut

► Les choix de couleurs pour les cartes avec ColorBrewer

La cartographe et professeur de géographie Cynthia Brewer a mis au point des combinaisons de couleurs connues sous le nom de « palettes Brewer », qui incluent un certain nombre de palettes adaptées aux daltoniens.

Les palettes Brewer peuvent être testées pour les cartes avec ColorBrewer 2.0, qui offre l’option d’afficher uniquement les palettes convenant à une vision altérée des couleurs. Comme pour Coloring for Colorblindness, l’URL de la page change lorsque vous définissez un jeu de couleurs et le nombre de classes de données, ce qui vous permet de partager un lien vers le jeu de couleurs sélectionné.

ColorBrewer2

► ColorBrewer et Viridis sur R

Les palettes Brewer mentionnées ci-dessus ont été intégrées au package RcolorBrewer.

Pour afficher les palettes adaptées aux personnes daltoniennes parmis les palettes Brewer :

library(RColorBrewer)
display.brewer.all(colorblindFriendly = T)
RColorBrewer colorblind friendly palettes

Pour consulter les informations des palettes de couleurs inclusives :

brewer.pal.info[brewer.pal.info$colorblind==TRUE,]

La palette viridis est également bien connue pour son accessibilité aux troubles de la vision des couleurs. A l’origine, elle a été conçue pour les cartes du package Python matplotlib, précisément avec l’objectif d’être accessible aux daltoniens et de mieux représenter les différences de couleur que la plupart des échelles de couleur proposées par défaut.

Le package R viridis inclus le jeu de couleur viridis original ainsi que six palettes alternatives partageant des caractéristiques similaires.

Coblis, pour vérifier des images

Avec Coblis vous pouvez charger l’image de votre choix et simuler n’importe quel type de déficience de la vision des couleurs.

Image perçue avec une vision normale

Coblis normal 11

Simulation de deutéranopie par Coblis

Coblis Deut1

Tous les calculs sont effectués localement sur votre machine, de sorte que les images que vous fournissez ne sont pas chargées ni stockées sur leur serveur.

► Les outils intégrés aux logiciels

Certains logiciels intègrent directement la possibilité de tester l’accessibilité à la vision des couleurs :

– Dans Firefox: l’inspecteur d’accessibilité dans l’outil de développement web ou l’extension Let’s get color blind pour voir des pages internet

– Le mode prévisualisation des couleurs sur QGIS et le simulateur de déficience de la vision des couleurs d’ArcGIS Pro

– Le filtre « Perception des couleurs » sur Inkscape et le filtre d’affichage « Vision des couleurs déficiente » sur GIMP. Le filtre Inkscape simule la dichromatie ainsi que la trichromatie anormale.

► L’expérience « plein écran »

Color Oracle propose probablement l’expérience la plus complète, avec un simulateur de daltonisme qui applique des filtres de couleur sur l’ensemble de l’écran, indépendamment du logiciel en cours d’utilisation.


Les outils présentés ici n’utilisent pas tous les mêmes calculs mathématiques pour aboutir aux simulations, c’est pourquoi le résultat peut varier en fonction de l’outil utilisé. De plus, toutes ces simulations sont des approximations et il est peu probable qu’elles reflètent la perception exacte des couleurs d’un observateur donné. Il est toujours possible que, malgré l’utilisation de ces outils, certaines personnes ne soient pas en mesure de distinguer les couleurs que vous avez choisies, mais vous limitez fortement cette éventualité.

Idee

Si vous ne pouvez vraiment pas adapter vos choix de couleurs pour un projet ou si vous souhaitez renforcer la distinction entre les éléments que vous présentez, envisagez d’utiliser des symboles ou des formes différentes pour les éléments les moins contrastés, ou même d’ajouter des lettres ou des mots.

Lorsque je conçois vos graphiques et vos illustrations, je garde toujours en tête qu’une partie de votre audience est susceptible d’avoir des difficultés à faire la différence entre certaines couleurs. Je réfléchis soigneusement aux couleurs que je choisis pour que mon travail (et donc le vôtre !) soit inclusif et accessible au plus grand nombre.

Et vous, tenez-vous compte des troubles de la vision des couleurs lorsque vous faites des choix de couleurs, et quels sont vos conseils et outils préférés ?

20210320 144516 2 Copie

Morgane Gillard, PhD


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